Venezuela : pour tenter de juguler la crise Maduro s’apprête à reconduire l’Etat d’« urgence économique »

Confronté à une profonde crise économique, résultat de la chute drastique des cours du brut dont il possède l’une des réserves les plus importantes dans le monde, le Venezuela traverse une situation politique et sociale particulièrement explosive.

En 2015, le Venezuela a subi une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.

Pour tenter d’endiguer cette situation, critique à divers titres, le chef de l’Etat, Nicolas Maduro a décidé, vendredi, de prolonger de trois mois, l’état d’«urgence économique », annonçant qu’il s’apprêtait à signer un nouveau décret pour les mois de mai, juin juillet, lequel risque d’être étendu pendant le reste de 2016 et peut-être au-delà, « pour récupérer, a-t-il expliqué, la capacité de production pétrolière du pays ».

Cette disposition autorisant, en outre, l'exécutif à disposer des biens du secteur privé, « à l’effet de garantir l'approvisionnement des Vénézuéliens en produits de base » est perçue par l’opposition comme une tentative d’entreprendre de nouvelles expropriations.

En janvier, déjà, l'Assemblée nationale avait rejeté l'état d' « urgence économique », mais le Tribunal suprême de justice (TSJ), la plus haute autorité judiciaire du pays, l’a validé.

Samedi, le président Vénézuélien a, par ailleurs, ordonné la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l’emprisonnement des entrepreneurs  accusés de vouloir saboter le pays.      

« Quiconque tente d’arrêter la production pour saboter le pays » devrait partir et ceux qui le font « doivent être menottés et envoyés en prison », s’est-il écrié  devant des milliers de ses partisans réunis dans le centre de la capitale, Caracas.

Dans le collimateur de Maduro figurent quatre usines du groupe Polar, la plus importante société activant dans le secteur alimentaire au Venezuela, qui avaient arrêté leur production, le 30 avril dernier.

Dans une intervention télévisée faite le même jour, le président a, d’autre part, annoncé le prochain lancement de manœuvres militaires destinée, a-t-il déclaré, à faire face « à toute menace extérieure ».

« Pour samedi prochain (le 21 mai), j'ai ordonné des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice pour nous préparer à n'importe quel scénario » envisageable, a-t-il ajouté.

Selon Maduro, son homologue Colombien, Alvaro Uribe, aurait appelé à une « intervention armée », lors d’une rencontre à Miami avec des dirigeants de l'opposition vénézuélienne et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), qu’il accuse d’être au service des Etats-Unis, dans le but, assure-t-il, d’en finir « avec les courants progressistes en Amérique latine ». 

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