Icône des deux écrans algériens : l'actrice Fatiha Berber tire sa révérence

Laissant une riche carrière artistique derière elle, la célèbre actrice algérienne Fatiha Berber est décédée vendredi à Paris, à l'âge de 76 ans, des suites d'une crise cardiaque.

Fatiha Berber avait débuté sa carrière en 1959 avec le chant, dans l'orchestre de Meriem Fekkaï, avant de rejoindre quelques mois plus tard, le conservatoire d'Alger dans la section "Art dramatique".

Abdelkader Bendamèche, journaliste et président du Conseil national des lettres et des arts, a tenu à lui rendre hommage sur les ondes de la Radio.

La défunte connue pour ses célèbres duos avec Rouiched et Athman Ariouet, s'est illustrée de son vivant par un parcours aussi riche que diversifié, en interprétant plusieurs rôles pour le cinéma, le théâtre et la télévision.

Pour les cinéphiles et téléspectateurs contemporains, elle a excellé et aquit sa notoriété en jouant des rôles principaux dans de nombreux films, notamment "Hassen taxi" et "Aila Ki Nas" ou encore "deux femmes", ainsi que dans plusieurs téléfilms, dont "El Masir" (le destin) et "El Bedra 1 et 2" (La graine). 

Le décès de Fatiha Berber est une dure épreuve pour la famille artistique, a estimé la ministre de la Culture, Nadia Labidi qualifiant la défunte d'"icône du théâtre et de la Télévision" en Algérie.

"La scène artistique algérienne vient de perdre une icône et l'une des doyennes de l'art, du théâtre et de la Télévision en Algérie", écrit la ministre dans un message de condoléances, ajoutant que la "défunte, qui a débuté sa carrière dans les années 50, a rejoint en 1959 le conservatoire d'Alger dans la section +Art dramatique+. Elle a également participé à la guerre de libération".

Une icône s'est éteinte; portrait

Femme gracieuse et d'allure élégante, la grande artiste avait une place incontestée dans le cinéma algérien tout au long de son parcours artistique qui avait débuté fin 1959 après avoir quitté l'orchestre de Meriem Fekkai, doyenne du chant algérois "Haouzi", qu'elle avait rejoint dès son jeune âge.

Sa beauté, le sourire aidant, elle excella vite dans le monde artistique notamment après avoir étudié l'art dramatique au conservatoire où elle était l'élève d'artistes de renom à l'instar de Djalloul Bachtarzi, a déclaré Abdelkader Bendamache à l'APS.

Durant ses études, elle était aux côtés du comédien Mustapha Kasdarli et du réalisateur Abdelghani Mehdaoui.

Cette formation académique combinée à son penchant pointu pour l'art dramatique lui a permis, comme en témoignent ses nombreux amis, de se distinguer par son "sérieux et sa dextérité dans l'interprétation des rôles qui lui étaient attribués".

Son départ vers la notoriété dans le monde artistique s'était alors fait sur les planches où elle interprètera un premier rôle dans la pièce "Les femmes savantes", une adaptation de Molière et réalisée par Mustapha Gribi.

Au lendemain de l'indépendance, elle a continué à incarner des rôles au théâtre dont "Le cercle de la craie caucasien" de Brecht et "L'homme aux sandales de caoutchouc" de Kateb Yacine. Elle décrochera plusieurs autres rôles aux cotés de Rouiched, Benguettaf et Ziani Cherif Ayad.

Egalement à son actif, une insigne participation dans les productions télévisuelles qui l'ont davantage rapprochée d'un public d'ores et déjà sous le charme d'un talent exceptionnel.

Fatiha Berber, de son vrai nom Fatiha Blal, s'était taillée, dès les premiers rôles incarnés, une célébrité à travers des interprétations aussi diverses que diversifiées pour passer de la comédie au mélodrame dans les années 1980.

Elle travaillera aussi avec nombre de réalisateurs comme Djamel Bendeddouche, Yahia Deboub, Hadj Rahim et le défunt Djamel Fezzaz dans le film "La gazelle" et le feuilleton "Al massir" et d'autres.

D'autres participations dans le monde du cinéma avec Merzak Allouache dans "L'autre monde" en 1994, tout comme elle est apparue dans des films étrangers alors qu'elle séjournait en France durant les années 90 dont le film "Rai" de Thomas Gilou en 1996, le film "Cent pour cent arabica" de Mahmoud Zemouri et "Laid Al Kebir" de Karin Albou.

Le monde artistique et le public algérien se souviendront de cette grande dame comme l'a affirmé le comédien Mohamed Ouardeche, proche de la famille et ami d'un de ses fils.

"Je garderai en mémoire l'image d'une femme qui a merveilleusement  concilié entre professionnalisme et rigueur en donnant la place qui sied aux grandes valeurs humaines. Elle était d'une modestie inouïe et d'une sincérité infaillible", a-t-il encore ajouté.

Décédée vendredi à Paris des suites d'une crise cardiaque, Fatiha Berber, est née le 11 avril 1945 à la Casbah. Elle a présidé l'association "Les amis de Rouiched".

 

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