Maladies respiratoires : nécessité de réorganiser les urgences pour améliorer la prise en charge

La bonne prise en charge des pathologies respiratoires nécessite de revoir l’organisation actuelle des pavillons des urgences au niveau des structures hospitalières, de sorte à réduire les cas de décès enregistrés, a affirmé jeudi à Alger, le Pr Salim Nafti, Président de la Société algérienne de Pneumo-phtisiologie.  

Intervenant en marge des 24èmes Journées nationales de Pneumo-phtisiologie (JNPP), le Pr Nafti a estimé dans une déclaration à la presse, que le service des urgences demeure le "point noir" de la médecine en Algérie, d’où l’impératif de revoir l’organisation actuelle.

"C’est le réceptacle du tout venant, de celui qui souffre d’un petit malaise à celui qui vient de faire un infarctus du myocarde. Le service est souvent saturé et le diagnostic n’y est pas établi comme il se doit. A cela, s’ajoute l’absence d’une formation spécifique de l’urgentiste", a déploré l’organisateur de cette rencontre.

D’où le choix de consacrer une partie conséquente du programme de ces journées à la problématique des urgences hospitalières afin d’insister sur la nécessité de "trouver des solutions le plus rapidement", a-t-il déclaré. 

Le président de la Société algérienne de Pneumo-phtisiologie a indiqué que faute de bonne prise en charge des malades souffrant de pathologies respiratoires, le nombre de cas de décès "est multiplié par 2 ou 3 en période de grippe saisonnière".

"Une fois la pathologie identifiée, le malade est orienté vers les soins intensifs et là se pose souvent la contrainte liée à la capacité d’hospitalisation en raison de la saturation du service d’urgence", a encore relevé le spécialiste, citant, par ailleurs, la difficulté pour le malade de bénéficier d’une radiographie thoracique. 

"Il est urgent que chaque service débloque 4 à 5 à lits pour recevoir les urgences car plus on intervient vite, plus on a des chances de sauver des malades", a-t-il insisté, relevant l’évolution en hausse du nombre de maladies respiratoires, proportionnellement à l’avancée en âge de la population. 

En plus de la problématique des urgences, deux autres thèmes sont au programme de ces 24èmes Journées, à savoir l’antibiothérapie en pneumologie et la bronchite chronique sévère. Il s’agit pour le premier aspect, de revoir la pratique de prescription des antibiotiques pour traiter les maladies respiratoires, laquelle se fait souvent "à tort et à travers", a déploré le Pr Nafti. 

"Lorsque c’est le cas, les germes deviennent résistants et cette résistance est la meilleure appréciation quant à la mauvaise utilisation des antibiotiques", a-t-il poursuivi, soulignant qu’il s’agit  d’un problème de "santé publique" qu’il convient de prendre sérieusement en considération.

En choisissant de consacrer le dernier volet de la rencontre à la bronchite chronique sévère, il s’agit pour les participants de sensibiliser encore une fois sur les risques du tabagisme qui en constitue la principale cause et sur l’impératif d’en réduire la consommation.

Faisant remarquer que cette affection concerne les sujets de 40 ans et plus, soit 3, 5 % de la population globale, le Pr Nafti a ajouté que plus le malade prolonge sa dépendance en tabac, plus les risques pour sa santé s’accroissent, en même temps que la prise en charge de sa maladie devienne plus "lourde". 

La grippe saisonnière de cette année n’a pas été "dramatique"

Interpellé sur les craintes ayant entouré la grippe saisonnière de cette année, le Pr Nafti a estimé que l’épidémie n’a pas pris des proportions "dramatiques" ni constitué un problème de "santé publique", l’attribuant à une faible "efficacité" du vaccin administré. 

"Le vaccin avait été formé cette année avec trois composants qui sont le HN, le H3N 2 et le virus B. Or, il se trouve que le H3N2  avait muté en août dernier alors que le vaccin avait été préparé. Lorsqu’il  avait été administré, sa capacité était devenue par conséquent faible », a explicité le Pr Nafti.

La panique qui avait été suivie d’interprétations erronées avait été nourrie par "une succession d’épidémies et une appariation d’affections virales sévères pendant des délais rapprochés", a-t-il poursuivi, regrettant que des cas de décès aient été enregistrés durant les mois écoulés. 

Santé