Accord politique en Libye: le Parlement vote mardi, des blocages refont surface

Le Parlement libyen va voter mardi l'accord politique signé sous l'égide de l'ONU, mais des blocages notamment autour de la représentativité des chefs de tribus dans le futur gouvernement, le sort du général Khalifa Haftar et la question sécuritaire à Tripoli risquent de ralentir la mise en œuvre de l'engagement.

L'accord politique signé le 17 décembre sous l'égide de l'ONU au terme duquel sera formé un gouvernement d'union nationale sera voté mardi ou au plus tard mercredi "si le quorum est atteint", par le Parlement reconnu par la communauté internationale basé à Tobrouk dans l'est du pays.

L'envoyé spécial de l'ONU Martin Kobler qui s'était rendu le 31 décembre en Libye pour tenter de persuader le président du Parlement basé à Tobrouk et des chefs de tribus d'adhérer à l'accord politique a finalement pu arracher le soutien du président de cette institution qui était jusque-là opposé à l'accord.

Dans la ville côtière de Shahat dans l'est libyen, il s'est entretenu avec le président du Parlement élu de Tobrouk Aguila Saleh. Ce dernier, qui s'était opposé à l'accord, a finalement accordé son soutien au futur gouvernement d'union nationale, censé être mis en place avant fin janvier. 

M. Kobler, qui multiplie les rencontres dans ce sens pour "élargir la base des adhésions" à cet accord, a fait part récemment de son intention de s'instaler à Tripoli.

Il assure que lui et une équipe réduite s'installera à Tripoli "dès que possible". Toutefois, le chef de la mission onusienne a reconnu qu'une telle décision n'est pas une mince affaire vu la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays.

Haftar, représentativité, situation à Tripoli, les questions qui fâchent

Les chefs de tribus ont redit leurs conditions : ils demandent une représentation dans le futur gouvernement et des assurances sur le soutien à l'armée nationale libyenne. En fait, les tribus exigent que le groupe du général Khalifa Haftar, nommé le 9 mars 2015 chef de l'armée libyenne, et qui mène un combat contre les groupes terroristes autour de Benghazi et Derna, devienne la seule force armée officielle du pays.

Les responsables, même parmi les plus modérés, refusent que Khalifa Haftar puisse obtenir un quelconque poste stratégique.

L'objectif que s'est assigné l'émissaire de l'ONU lorsqu'il s'est déplacé récemment à Tripoli, n'était pas seulement de convaincre le président du Congrès général national (CGN) non reconnu du bien-fondé de l'accord, mais discuter aussi des conditions sécuritaires pour accueillir à Tripoli le futur gouvernement d'unité.

  L'année dernière, Tripoli a été au cœur de la bataille rangée qui a entraîné la fuite du Parlement élu à l'Est et le maintien, dans la capitale, d'un autre Parlement rival. 

Aujourd'hui, il s'agit pour Martin Kobler de négocier avec les instances de Tripoli et les milices qui les soutiennent l'installation du futur gouvernement d'unité. Mais il est difficile de savoir quelle forme prendra le dispositif sécuritaire.

Du côté de l'Italie, qui avait abrité une Conférence internationale le 13 décembre dernier sur la Libye, on appelle depuis des mois à une mission de maintien de la paix pour protéger sous l'égide de l'ONU les points névralgiques de Tripoli : les nouvelles institutions, le port, l'aéroport, les grands axes routiers et, hors de Tripoli, les installations pétrolières et même les sites antiques.

  Il est à rappeler que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 23 décembre dernier, qui soutient le futur gouvernement, offrirait une couverture internationale.

Depuis la chute du régime de Maammar El Gueddafi en 2011, la Libye est plongée dans la tourmente avec des combats entre milices armées et deux Parlements et gouvernements se disputant le pouvoir. Et pour qu'un gouvernement d'union devienne opérationnel, il doit être approuvé par une majorité des deux tiers au sein du Parlement reconnu. 

Awad Abdul-Sadiq, vice-président du Congrès national, a écrit au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le 30 décembre pour lui signifier que l'accord de l'ONU empêche toute nouvelle discussion, ce qui contrevient à la résolution du Conseil de sécurité.  

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