France : le gouvernement face à l’amplification du mouvement social à douze jours de l’Euro 2016

Les opposants de la loi de travail ne décolèrent pas

Le bras de fer, engagé par les syndicats pour le retrait de cette loi, adoptée sans vote à l’Assemblée, n’est pas loin de s’affaiblir ni connaître un répit. Raffineries bloquées, pénuries d’essence, même si le gouvernement indique que la situation s’améliore. De nombreuses grèves sont annoncées pour cette semaine dans les transports en commun et dans l’aérien, à douze jours de l’Euro 2016 en France.

Le gouvernement français, issu de la majorité gauche, n’a jamais connu, depuis l’élection du président François Hollande en 2012, une telle agitation sociale, soutenue par des grèves, aussi déterminée à faire barrage à la loi sur le travail.

Les cheminots ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de mardi et, par conséquent, de nombreux trains seront annulés pour quelques jours. Leurs revendications sont le retrait de la loi sur le travail et des négociations en interne sur le temps de travail, alors que de vendredi à dimanche, des perturbations sont au niveau des aéroports. Pour des revendications internes, les syndicats de l'aviation civile ont appelé à la grève.

Une autre menace de grève s’annonce dans le transport aérien avec la décision lundi du syndicat des pilotes d’Air France pour une grève "dure", de plus de six jours, en réaction à la décision de la compagnie de mettre en oeuvre certaines mesures de productivité négociées en 2012 mais jamais appliquées.

Par ailleurs, selon des informations rapportées par des médias, le gouvernement semble "prêt à laisser du lest" pour les questions de revendications internes des travailleurs afin d’éviter la convergence des grognes dans cette agitation sociale, qui s’est installée et risque de s’amplifier avec la rencontre au sommet du football européen, sans pour autant céder quoi que ce soit sur la loi Travail.

Sur le terrain, six raffineries sur huit sont toujours à l’arrêt ou tournent au ralenti, provoquant des problèmes d'approvisionnement en essence dans certaines régions ainsi que dans les aéroports. 

Lundi, les travailleurs des terminaux pétroliers havrais (CIM), principaux fournisseurs de brut des raffineries et en kérosène des aéroports parisiens, ont voté la reconduction de la grève jusqu’à mercredi à midi.

Leur mouvement dure depuis une semaine, mais le pompage dans deux des réservoirs de stockage, l'un pour le brut, l'autre pour le kérosène, a été exigé par le gouvernement. 

Déjà, les perturbations dans l’approvisionnement en carburant ont entraîné une rupture d'approvisionnement en matériaux de construction dans de nombreuses régions, a indiqué l'organisation professionnelle du secteur (Unicem).

"La production de matériaux de construction est à l'arrêt", précise un communiqué, ajoutant que de nombreuses entreprises de la filière - en rupture de ravitaillement û "sont dans l'incapacité de livrer leurs clients".

Dans leurs éditions de lundi, les journaux ont commenté différemment la fronde sociale à travers laquelle le Figaro a estimé, pour sa part, que la France "n'a rien à y gagner", alors que l’Humanité a affirmé que "sans les grèves, sans les blocages, sans les manifestations, nous en serions encore au monde de Zola, de Steinbeck et du travail des enfants".

La Voix du Nord a relevé que le déminage "tardif" du terrain social, par le gouvernement, ne semble pas convaincre la population, 46 % des Français, selon les sondages, souhaitent un retrait du projet de loi et 40 % une modification.

Nombre d’observateurs ont noté, de leur côté, que les prochains jours connaîtront le retour au dialogue gouvernement-syndicats, mais restent cependant sceptiques quant au résultat, dans la mesure, ont-ils commenté, où les deux camps "ne veulent rien céder" sur la loi Travail.

APS

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