Michel Rocard, le socialiste opposé à la guerre livrée par la France contre le peuple algérien

L'ancien Premier ministre français Michel Rocard (23 Août 1930 – 2 Juillet 2016)

L’ancien Premier ministre sous François Mitterrand, Michel Rocard, qui s’est opposé à la guerre qu’avait livré la France contre le peuple algérien, s’est éteint samedi à l’âge de 85 ans.

Militant très actif de la gauche française, notamment à la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), il se dresse contre la politique "algérienne" de Guy Mollet pour entrer en dissidence. En sa qualité de secrétaire des Etudiants socialistes, il est hostile à la guerre menée par sa famille politique contre le peuple algérien et fonde le PSA (Parti socialiste autonome).

Le 17 février 1959, en sa qualité de fonctionnaire, âgé de 28 ans, il remet un rapport sur les conditions prévalant dans les camps de concentration des Algériens (homme, femmes et enfants) au délégué général en Algérie. 

Le rapport faisait état d’une réalité ignorée par l’opinion publique concernant plus d’un million d’Algériens, détenus dans des conditions inhumaines dans ces camps, une des tragédies les plus méconnues de la guerre d’Algérie, qui enregistraient une mortalité enfantine effrayante.

Michel Rocard relatait dans son rapport que, par jour, près de 500 enfants sont menacées de famine. Alerté par l'auteur du rapport, le cabinet du garde des Sceaux du gouvernement de Michel Debré, Edmond Michelet, décide de donner ce rapport à la presse.

Selon des historiens, ce rapport est à l’origine du manifeste des "121" intellectuels et hommes de culture français contre la "guerre d’Algérie", dans lequel les signataires dénoncent la pratique de la torture et s’engagent à refuser de "prendre les armes contre le peuple algérien".

Chef de parti, haut fonctionnaire, sénateur, député, ministre et Premier ministre, Michel Rocard, ce "hamster érudit" est resté la référence intellectuelle de la gauche française et son maître à penser.

Il est considéré comme un modèle d’une génération politique, "compétent, inventif et honnête".  Dans sa dernière interview, un testament politique, accordée à l’hebdomadaire le Point du 23 juin dernier, il a affirmé que la gauche française actuelle est "la plus rétrograde".

Dans son analyse de la classe politique française, Michel Rocard a estimé que "la démocratie chrétienne avait un projet de société pour toute l’Europe qu’elle a fini par abandonner. Le gaullisme a disparu. Le communisme s’est englouti dans son propre archaïsme et le socialisme porte un projet, mais il n’est plus clair depuis longtemps".

Pour lui, la France est entrée dans un "déclin profond" à cause de la manière dont la communication est conduite et gérée, soulignant que ce compte aujourd’hui "l’attitude des médias".

Beaucoup lui reconnaissent en tant que leader politique, il a marqué l’histoire de la gauche et en sa qualité de Premier ministre, il a laissé des réformes "précieuses". APS

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