France : de nouvelles révélations dans le financement libyen de la campagne de Sarkozy

L’ancien chef du renseignement militaire libyen, Abdallah Senoussi, a avoué devant la Cour pénale internationale (CPI) avoir supervisé le transfert de 5 millions d’euros "pour la campagne électorale de l'ancien président français Nicolas Sarkozy", en 2007, a indiqué le journal électronique Médiapart.

Dans son enquête, intitulée "Sarkozy-Kadhafi: révélations sur le circuit des millions de la corruption", le journal évoque également qu’un membre des services du protocole libyen avait affirmé aux policiers qu’au total ce sont 20 millions d’euros qui ont été versés en liquide, plus 30 millions d'euros par virements" qui auraient été reçus par deux proches de l’ancien président, Claude Guéant et Boris Boillon.

Médiapart a précisé que les juges enquêteurs français ont obtenu de la CPI, la communication du témoignage de l’ancien chef du renseignement militaire libyen.

"La guerre de Libye n’a donc pas tout effacé. Les juges chargés de l’enquête sur un financement par le régime libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy parviennent reconstituer pas pas l’écheveau", a souligné le journal, précisant que dans le procès-verbal d’audition d’Abdallah Senoussi, qui s’est déroulée le 20 septembre 2012, l’ancien chef du renseignement militaire a déclaré avoir "personnellement supervisé" le transfert de 5 millions d’euros "pour la campagne de Nicolas Sarkozy".

Ces aveux sont confirmés par les notes posthumes découvertes dans le carnet de Choukri Ghanem, l’ancien Premier ministre libyen retrouvé noyé dans le Danube en avril 2012, a indiqué le journal, ajoutant qu’un membre des services du protocole libyen, entendu sous X Paris en juin 2014, a affirmé, pour sa part, que les financements avaient été versés, au-del du seul cas Senoussi, pour 20 millions "en cash" et pour 30 millions par virements.

Il a également affirmé que Claude Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, et Boris Boillon, conseiller diplomatique du ministre, avaient reçu des espèces lors de leur venue Tripoli avant la campagne présidentielle de 2007.

"Pour ce qui est du soutien apporté des personnalités occidentales pour leur permettre d'accéder au pouvoir, la somme de 5 millions d'euros a été versée pour la campagne du président français Nicolas Sarkozy en 2006-2007.

J'ai personnellement supervisé le transfert de cette somme via un intermédiaire français, en la personne du directeur de cabinet du ministre de l'intérieur.

Sarkozy était alors ministre de l'Intérieur", avait déclaré Senoussi aux juges de la CPI, citant l’implication d’un intermédiaire nommé Takieddine, un Français d'origine libanaise installé en France.

"A ce propos, je dois préciser que Sarkozy m'a, en personne, demandé d'éviter que Saïf Kadhafi ou Bachir Saleh ne soient mis au courant. Et jusqu' la livraison de la somme, rien n'a en tout cas filtré. Mais je confirme que cette somme a bien été réceptionnée par Sarkozy", a ajouté l’ancien chef du renseignement militaire libyen dans son témoignage.

Médiapart a rappelé qu’un ancien haut responsable libyen, Mohammed Ismail, proche collaborateur de Saïf al-Islam Kadhafi, avait précisé: "Au sujet du financement de la campagne, avait-il détaillé, une partie des fonds a transité par la North Africa Commercial Bank Beyrouth, et, partir de l , vers un compte bancaire en Allemagne relié Ziad Takieddine, d'autres montants ont été canalisés par l'entremise de comptes bancaires au Panama et en Suisse".

L’enquête a aussi révélé, sur la base d’un autre témoignage d’un dignitaire libyen, enregistré sous X selon une procédure judiciaire spéciale, que "le financement avait été d’une part en cash (20 millions) et, d’autre part, en virements (30 millions)". APS

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