En présence du ministre de la Culture, le Consul de France à Annaba et une immense foule : le penseur Malek Chebel inhumé à Skikda

Malek Chebel, fervent défenseur de l'Islam des lumières

Une foule nombreuse d’intellectuels, de proches, de responsables locaux et de personnalités dont le ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi et le consul de France à Annaba a accompagné mercredi le penseur algérien Malek Chebel (1953-2016) à sa dernière demeure au cimetière Menzel El Moudjahid, à 15 km de la ville de Skikda.

Auparavant, le corps du défunt a été exposé au palais de la culture et des arts de la ville où les amis et proches du penseur, ainsi que des citoyens ont jeté un dernier regard sur la dépouille du défunt, mort à Paris la nuit de vendredi à samedi à Paris (France) à l’âge de 63 ans. 

Dans une oraison funèbre prononcée à l’occasion en présence des deux filles du défunt et de ses proches, Mikaïl chebel, fils du penseur décédé, a souligné que son père, qui a refusé à deux reprises la proposition de nationalité française offerte par les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, a toujours porté l’Algérie dans son coeur et était un défenseur de l’islam au travers le monde. 

Même si Malek Chebel a vécu à l’étranger, son voeu a été toujours d’être enterré dans son pays, près des siens, a indiqué Mikaïl ajoutant que son père avait réussi durant sa vie et est parti tranquille, entouré de ses proches après une maladie qui n’a pas trop duré, ajoutant que l’Algérie peut être fière d’avoir enfanté pareil fils.

Le ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi a, de son côté, déclaré que tout le monde est là pour dire adieu à une grande figure de la culture et la pensée qui a réussi à représenter l’Algérie et défendre l’identité de son peuple, sa religion et ses valeurs.

Le défunt fut un homme posé et silencieux bien que porteur d’une immense culture et savoir, a ajouté le ministre, soulignant que tous ceux qui portent le prénom de Malek partent "étranger" à l’instar de Malek Bennabi, Malek Haddad, Malek Boudhiba et Malek Chebel.

"C’est à un frère, un ami et à un penseur de la carrure des grands que nous disons aujourd’hui adieu", a ajouté Mihoubi soulignant que Chebel fut un auteur illuminé qui a écrit plus de 40 ouvrages et a combattu les idées reçues et les faux clichés sur l’Islam.

Chebel est apparu à une étape où la société musulmane avait besoin de ceux qui défendent l’Islam et fut un véritable militant qui s’était dressé pendant plus de 30 ans contre les courants prêcheurs de phobie, a souligné le ministre de la Culture.

Pour Ahmed Louchi, vieil ami de Chebel, Malek a toujours été un lecteur passionné. Un jour, raconte-t-il, Chebel a trouvé dans son bureau un ouvrage de sociologie appartenant à un tiers et ne pouvant se le faire prêter, Chebel était alors resté au bureau de 13h00 à 19h00 pour en finir la lecture.

Malek Chebel est mort la nuit de vendredi à samedi dans un hôpital parisien.

Le corps du défunt était arrivé mardi soir (vers 20h00) à l’aéroport de Constantine pour passer l’ultime nuit avec les siens dans la demeure familiale à la cité Béni Malek de Skikda.

La prière au mort sur sa dépouille a été accomplie avant l’enterrement à la mosquée de la cité Merdj Dhib au centre-ville de Skikda.

La dépouille de Malek Chebel exposée au Palais de la culture de Skikda

La dépouille du penseur Malek Chebel a été exposée dans la matinée de mercredi au Palais de la culture du centre ville de Skikda où une foule nombreuse est venue lui rendre un dernier hommage, a-t-on constaté.

Profondément émus, de nombreux citoyens, des amis, des membres de la famille du défunt et des personnalités sont présents au Palais de la culture du centre ville de Skikda pour lui rendre un ultime hommage.

Le corps de Malek Chebel (1953/2016) était arrivé mardi soir (vers 20h00) à l’aéroport de Constantine, puis transféré à la morgue du vieil hôpital du centre-ville de Skikda, a précisé à l’APS, le frère du défunt, Tayeb Chebel.

L’Homme au trois doctorats

Né en avril 1953 à Skikda, Malek étudia dans sa ville natale puis à l’université de Constantine où il exerça comme maître assistant avant de se rendre en France pour poursuivre ses études.

En 1980, il obtint un doctorat en psychologue de l’université de Paris et, deux ans plus tard, il décrocha son deuxième doctorat en anthropologie et science des religions.

En 1984, il soutint sa troisième thèse de doctorat en sciences politiques à l’Institut des études politiques de Paris et y travailla au département des études arabes et islamiques.

Malek était simple et aimait toujours passer ses vacances à Skikda où il fut le premier à introduire le sport de la planche à voile, assure sa cousine Hayat Chebel.

A chacune de ses visites  à Skikda, il déambulait avec ses vieux amis dans les ruelles et marchés de la cité, souligne Abdelkader Nettor, enseignant universitaire et ami du défunt. 

Pour Amine Guetoch, ami de classe de Chebel au lycée Larbi Tebessi, le lycéen que fut Malek aimait la peinture et la musique et ne sortait presque pas de la bibliothèque du lycée.

Malek Chebel est l’auteur de plusieurs ouvrages dont "Dictionnaire des symboles musulmans" (1995), "L’esclavage en terres d’islam" (2007). Il traduisit également le saint Coran vers le français. APS       

 

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