Togo : les électeurs appelés à élire un nouveau président samedi

Plus de trois millions et demi d’électeurs togolais sont appelés aux urnes samedi, pour choisir leur président entre sept candidats en lice, dont le président sortant Faure Gnassingbé, qui se présente pour briguer un quatrième mandat.

Quelque 3.614.056 Togolais voteront demain, dans 9.389 bureaux de vote dans 4.445 centres de recensement et de vote, alors que les forces de l'ordre ont voté par anticipation dès mercredi. Environ 10.000 gendarmes et policiers seront déployés à travers le pays, afin d'assurer la sécurité du scrutin.

Sept candidats, dont le président Faure Gnassingbé, ont été retenus pour participer à cette présidentielle au Togo, selon une décision de la Cour constitutionnelle au Togo.

Parmi les autres candidats, figurent Jean-Pierre Fabre, chef de file historique de l'opposition et président de "l'Alliance nationale pour le changement" (ANC), et l'ancien Premier ministre et président du "Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement" (MPDD), Kodjo Agbéyomé.

La campagne électorale pour cette présidentielle avait débuté le 6 février et a pris fin hier.

Les résultats provisoires seront proclamés par la CENI, et si aucun des candidats n'obtient une majorité à plus de 51%, un second tour sera organisé.

Le président sortant Faure Gnassingbé (54 ans), qui se présente pour briguer un quatrième mandat, est au pouvoir depuis 2005, après avoir succédé à son père Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays pendant 38 ans.

Il a été réélu en 2010 et en 2015 au terme de scrutins contestés, ce qui a entraîné des violences faisant entre 400 et 500 morts, selon les chiffres établis à l’époque par les Nations unies.

Le Togo a ensuite connu plusieurs crises politiques, notamment un mouvement de contestation populaire massif entre 2017 et 2018 avec des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes dans les rues, pour demander la démission du chef de l'Etat.

En mai 2019, une réforme de la Constitution a été acceptée par le Parlement.

Désormais fixée à deux mandats présidentiels, sans rétroactivité, cette modification a ouvert la voie à Faure Gnassingbé pour se représenter en 2020, et ce dernier, n’a pas encore fait savoir s'il se porterait de nouveau candidat en 2025 en cas de victoire, mais il s’est engagé à respecter la Constitution.

Une nette avancée démocratique pour le Togo

Plusieurs "avancées historiques" sur le plan de la démocratie formelle sont enregistrées au Togo, selon les observateurs, à commencer par le vote de la diaspora qui n’avait encore jamais eu la possibilité de s’exprimer par les urnes jusqu’à présent, et le retour du scrutin à deux tours, ce qui n’avait plus été le cas depuis 1995.

Cette élection est importante parce qu’il s’agit, d’une ère nouvelle dans la limitation des mandats du président sortant, Faure Gnassingbé, qui en effet, se présente pour un 4e mandat, et bien qu’il ait droit à un 5e, - s’il est réélu - ce sera le dernier conformément aux recommandations formulées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et acceptées par le Parlement togolais, estiment-on.

Interrogé jeudi depuis le palais présidentiel à Lomé, Faure Gnassingbé a déclaré: "Je ne me sens pas l'âme d'un dictateur (...) l'intimidation +des opposants+ c'est plus une réputation qu'une réalité. Un Président ne peut pas être au fait de tout ce qu’il se passe, ce n'est pas que je me défausse", a-t-il affirmé dans un entretien accordé à l'AFP et au journal Le Monde.

"(...) vous verrez que parfois ces propos ou ces appréciations sont exagérées, en tous cas je ne me sens pas l'âme d'un dictateur", a assuré le chef d’Etat togolais, répondant aux accusations de l'opposition et de la société civile, qui dénoncent un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l'absence d'alternance dans le pays.

Selon des experts du dossier togolais, l’opposition togolaise n’a pas suffisamment su se structurer ou s’unir, la politique de la chaise vide pratiquée au fil des ans, n’a pas été sans conséquence sur le maintien au pouvoir du père en fils Gnassingbé".

APS

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