Coronavirus: appel en Italie à libérer les prisonniers pour empêcher la propagation

L'Italie devrait relâcher 14.000 détenus, soit près d'un quart de ses prisonniers, pour éviter une propagation de la pandémie dans les prisons surpeuplées du pays, a prévenu mercredi une organisation de défense des droits de l'Homme, Antigone.

Selon des chiffres officiels, les prisons de la péninsule sont saturées, avec 61.230 détenus pour 50.931 places.

Début mars, des émeutes ont éclaté dans une trentaine d'établissements pénitentiaires quand les autorités ont annoncé la suppression des visites des familles et pour demander des mesures de protection.

Treize prisonniers sont morts dans ces violences, la plupart d'overdose après que les infirmeries ont été dévalisées.

Dix détenus ont été contrôlés positifs au coronavirus, a reconnu le ministère italien de la Justice, qui a déjà pris des mesures pour libérer les détenus ne présentant pas de risques.

Un décret paru mercredi prévoit que les condamnés à des peines inférieures à 18 mois devraient pouvoir les purger à leur domicile, avec un bracelet électronique, à l'exception des récidivistes, de ceux coupables de faits de violences ou qui sont liés au crime organisé.

Egalement exclus de cette mesure, ceux qui ont participé aux émeutes.

Quelque 3.000 détenus seraient concernés par ces mesures, très loin des 14.000 que l'association Antigone, une association d'assistance aux détenus, a jugé mercredi indispensable d'élargir pour éviter une contagion dans des prisons surpeuplées.

"Les prisons risquent de devenir une bombe sanitaire, avec des répercussions pour l'intégrité du système de santé national", a mis en garde le président d'Antigone, Patrizio Gonnella, qualifiant de "clairement insuffisante" les mesures du gouvernement.

Selon lui, certaines prisons présentent un taux de surpopulation de 200% des capacités, ce qui signifie que trois détenus se partagent souvent des cellules de 12 m2.

Le ministère s'attache toutefois à relativiser le risque de contagion en prison: "Pour le moment, ce sont des cas isolés, et il n'y a pas de preuves de contagion à partir de ces cas isolés", selon un communiqué.

Le ministère a précisé qu'une partie des cas positifs étaient le résultat d'hospitalisations de détenus à l'extérieur. APS

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