Belhocine : sans un strict respect des mesures barrières, il est illusoire d’endiguer la covid-19

Quelle posture adopter après l’annonce des pouvoirs publics de procéder à un allègement des mesures de confinement décidées pour tenter d’endiguer la propagation de la vague du coronavirus en Algérie, en particulier dans les lieux fréquentés par un nombreux public ?

Pour le professeur Mohamed Belhocine, tout nouveau cas de contamination au Covid-19 révèle « sa circulation active dans notre pays », incitant à rester très vigilant. Il indique que la situation sanitaire montre que ce virus circule activement, et qu’il affecte, désormais, l’intégralité du pays.

Celui-ci rappelle, d’autre part, que concentrée, un moment, au centre du pays, la pandémie, « qui a une capacité d’expansion extrêmement rapide », s’est ensuite déplacée vers l’Est, puis, dans une seconde étape, vers les wilayas du Sud où, signale-t-il, il n’existait pas de grands signes de sa présence.

Intervenant, dimanche, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio Algérienne, le président de la cellule en charge des enquêtes épidémiologiques créées après l’apparition de la pandémie, explique que la probabilité d’être infecté par le virus est liée à un contact avec un autre être humain. « C’est pour cela », ajoute-t-il, que le confinement et les espacements physiques figurent parmi les mesures de prévention contre celui-ci .

À la suite de la décision des autorités d’alléger le confinement dans certains lieux habituellement fréquentés par le grand public, à l’exemple des mosquées ou des plages, le professeur Belhocine considère qu’elles sont tributaires de “mesures barrières” sans lesquelles, prévient-il, “il est difficile d’imaginer qu’on puisse s’en sortir”.

S’il dit constater qu’il y a beaucoup de personnes qui portent, désormais, un masque pour se protéger contre une éventuelle contamination, beaucoup d’efforts restent encore à faire, notamment pour ce qui concerne les actions de distanciation physique, déclarant, à ce propos, compter sur la discipline et la prise de conscience des citoyens.

Pour l’invité, confiner un malade risquant de contaminer d’autres personnes est la solution la plus efficace “pour casser la transmission” dans une communauté frappée par le coronavirus.

Pour ce spécialiste en épidémiologie qui eut à contribuer à la lutte contre la maladie d’Ebola, en RD du Congo, augmenter les capacités de dépistage du Covid-19 aidera à savoir qui est infecté et qui ne l’est pas. Il constate cependant qu’il y a très peu de pays qui ont réussi ce défi. Il observe, de plus, pour ce qui concerne l’Algérie, les outils de dépistage utilisés ont des avantages et des inconvénients.

Pour entreprendre un dépistage de masse, il faudrait, indique-t-il, une armée de personnes “qui ne font que çà”, ainsi qu’une quantité d’équipements “que peu de pays peuvent se permettre”.

A noter, au nom de la famille médicale, le professeur Belhocine a tenu à rendre un hommage appuyé au professeur Jeau-Paul Grangaud, décédé récemment, un homme dont il rappelle qu’il a consacré sa vie à la santé publique en Algérie, “qui fut notre enseignant et notre ami”, et qui a inspiré des générations de professionnels de la santé, “par son humanisme, sa générosité et son abnégation”.

Il a également salué la mémoire d’El Hadj Lakehal, “l’un des pères de la politique nutritionnelle de notre pays” qui a, déclare-t-il, contribué à sauver beaucoup d’enfants de la malnutrition et du rachitisme durant les années post-indépendance “et qui a mené sa mission jusqu’au bout de son énergie”.

 

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