Procès "Maya": Fin de l'audition des accusés et témoins

Le procès de Zoulikha-Chafika Nachinachi dite "Maya", poursuivie dans des affaires liées à la corruption, qui se déroule au tribunal de Cheraga (Alger) a vu l’audition du reste des accusés et témoins impliqués dans cette affaire dans laquelle d’anciens responsables sont poursuivis et à leur tête, Abdelghani Zaalane et Mohamed Ghazi en leurs qualités respectives de walis d’Oran et de Chlef ainsi que l’ancien Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelaghani Hamel.

Les griefs retenus contre les accusés sont notamment "blanchiment d’argent", "trafic d’influence", "octroi d’indus avantages", "dilapidation de deniers publics", "incitation d’agents publics pour l’octroi d’indus avantages" et "transfert illicite de devises vers l’étranger".

Après avoir auditionné l’accusée principale "Maya", la séance de l’après-midi a été consacrée à l’audition du reste des prévenus. Il s’agit de Mohamed Ghazi qui a nié toutes les charges retenues contre lui, les qualifiant d’"infondées", expliquant que Mohamed Rougab, ancien secrétaire particulier de l’ex-Président de la République, Abdelaziz Bouteflika lui avait présenté Mme Maya.

Il a précisé que Rougab lui avait demandé d'aider la famille de cette femme, en tant que proche de l'ex-Président. A ce titre, un "projet de restauration d’un parc d'attraction à Chlef" a été attribué à cette femme, lorsqu'il était le wali de cette wilaya.

Parmi les privilèges accordés également à la principale prévenue, il y a lieu de citer un lot de terrain à la localité d'Oum Drou à Chlef. Ghazi a fait savoir qu'il traitait avec elle en sa qualité de proche de l'ex-Président et qu'il ignorait son vrai nom et sa véritable identité.

Il était également intervenu auprès du wali d'Oran en 2017 (Abdelghani Zaalane) à sa demande (Maya) pour régulariser les dossiers d'investissement de ses proches et lorsqu'il avait découvert qu'elle n'avait aucun lien avec l'ex-Président, il avait entamé les procédures d'annulation des contrats de concession qu'elle a obtenus à Chlef, a-t-il dit.

Quant à l'ancien DGSN, Abdelghani Hamel, il a dit au cours de son audition qu'il était victime et que la première fois qu'il a vu cette femme, c'était dans la maison de l'ancien ministre du Travail et ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi qui lui avait demandé de procurer des caméras de surveillance à cette femme, présentée en tant que "fille de l'ex-Président" pour les installer à sa maison à Moretti dans la capitale.
Le mis en cause Hamel a nié par ailleurs avoir donné des instructions pour assurer une sécurité permanente à Mme Maya.

Pour sa part, l’ancien wali d’Oran, devenu par la suite ministre des Transports, puis des Travaux publics, Abdelghani Zaalane a confirmé ses déclarations devant le conseiller enquêteur près la Cour suprême concernant ce dossier, affirmant avoir rencontré Mme Maya dans les couloirs des tribunaux.

Il a réaffirmé avoir reçu en janvier 2017, alors qu’il était wali d’Oran, un appel téléphonique de Mohamed Ghazi qui lui demandait d’accueillir des membres de la famille de l’ancien président, en application des instructions de son secrétaire particulier à l’époque, Mohamed Rougab pour la régularisation de leurs dossiers d’investissement en suspens depuis 2011.

Effectivement Zaalane avait accueilli les dénommés Abdelghani Belaïd et Mohamed Benaïcha, en tant que proches de la famille du président à l’époque.

Ces derniers lui avaient demandé de régulariser leurs dossiers et ont obtenu des contrats d’exploitation de la zone d’activité industrielle dans les régions de Tafraoui et Sidi Chahmi.

L’accusé Abdelghani Zaalane a affirmé que le comportement inconvenant et l’audace de Abdelghani Belaïd a éveillé ses soupçons au sujet des deux individus, ce qui l’a amené à appeler directement le conseiller de l’ancien président «Saïd Bouteflika» qui avait nié avoir donné une quelconque instruction pour la prise en charge des dossiers de ces deux accusés.

Après avoir réalisé qu’il s’agissait d’une opération d’escroquerie, le wali d’Oran a annulé les décisions signées le 5 janvier 2017.

Le juge a écouté par la suite le témoignage de Mohamed Rougab, secrétaire particulier de l’ex président Bouteflika qui a affirmé à son tour ignorer le véritable nom de la dénommée Maya, et que c’était dans la presse qu’il avait entendu pour la première fois le nom de «Zoulikha Nachinachi».

Il a affirmé être intervenu une seule fois auprès du wali de Chlef «Ghazi » pour la prise en charge des revendications de la principale accusée, et ce en application des instructions du président de la République à l’époque.

Ensuite, d’autres témoignages ont été écoutés, dont ceux des femmes de ménage de l’accusée qui étaient rémunérées par le ministère du Travail, et des agents de police choisis pour assurer la sécurité du domicile de cette dernière.

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