Fin du premier round de pourparlers libano-israélien sur le tracé des frontières maritime

Le premier round des négociations en vue de résoudre le différend lié à la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël a été clôturé, mercredi, après une session inaugurale jugée cruciale par Beyrouth qui souhaite clore le dossier "dans un délai raisonnable" à même de permettre au Liban d'investir dans ses ressources naturelles.

Les deux délégations, composées de militaires et de spécialistes des questions énergétiques, ont entamé, plus tôt mercredi, la première séance des négociations sur un tracé des frontières maritimes au QG de la mission de maintien de la paix de l’ONU ( Finul) à Ras Naqoura (Sud-Liban), avec la médiation des Etats-Unis représentés par le secrétaire d'Etat adjoint David Schenker, arrivé mardi soir à Beyrouth et sous les auspices des Nations unies, représentées par le coordonnateur spécial, Jan Kubis.

"Notre réunion du jour marque le coup d'envoi des négociations techniques indirectes", a déclaré le chef de la délégation libanaise, le général Bassam Yassine, dans son discours inaugural publié par l'armée.

"Nous espérons que les négociations se dérouleront à un rythme nous permettant de clore ce dossier dans un délai raisonnable", a-t-il ajouté.

"Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter et négocier la démarcation de nos frontières maritimes sur la base du droit international, l'Accord sur la trêve en 1949 documenté par les départements des Nations Unies, et l'Accord Paulette / Newcombe en 1923, notamment en ce qui concerne ce qui était stipulé dans cet accord sur la ligne qui part du point terrestre de Ras-Nakoura", a-t-il expliqué.

Le litige frontalier entre le Liban et Israël concerne un triangle de quelque 860 km2 revendiqué par les deux parties comme appartenant à leurs propres zones économiques exclusives (ZEE).

En 2011, le diplomate américain Frederic Hof a proposé une ligne frontière, attribuant environ 60 % de la zone disputée au Liban et 40 % à Israël.

Mais cette offre s’est toujours heurtée à une fin de non-recevoir de Beyrouth, qui assure être souverain sur la totalité des 860 km2.

Après des années de médiations américaine, le Liban et Israël ont annoncé début octobre ces pourparlers qui auront "un caractère protocolaire et technique et non politique", selon les médias libanais.

Mais les pourparlers, jugés "historiques" par Washington, sont cruciaux pour un Liban en difficulté qui s'est lancé dans la prospection d'hydrocarbures offshore.

-- Enjeu crucial pour le Liban-- En 2018, le pays a signé son premier contrat d'exploration avec un consortium international.

Problème: une partie d'un des deux blocs, le numéro 9, déborde sur une zone de 860 km² que le Liban et Israël se disputent.

"Si un accord sur le tracé est trouvé comme le souhaite le Liban, le pays aura une grande marge de manœuvre sur l'exploitation des ressources offshore dans les blocs 8 et 9 de la ZEE.

Cela aidera le Liban sur le sujet de sa dette", a estimé M. Nabih Berry, président de la Chambre des députés du Liban.

"Le Liban a été largement vulnérabilisé mais aujourd'hui, le Liban, son peuple, son armée et sa résistance ne peuvent pas être menacés.

Nous voulons nos droits, ni plus, ni moins", a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs expliqué que ces négociations auraient pu débuter l'année dernière, mais elles ont été retardées en raison de l'absence d'accord sur le mécanisme de ces discussions, "nécessaire" pour le Liban.

De l’avis de Laury Haytayan, experte dans la gestion des hydrocarbures au Moyen-Orient, "la délimitation de la frontière (maritime) est nécessaire car elle facilitera d'abord le travail dans le bloc 9 et peut susciter l'intérêt des entreprises internationales pour le bloc 8, dont plus de la moitié se trouve dans la zone contestée".

En effet, les négociations sont rendues urgentes par la découverte de nombreux gisements gaziers, à la fin des années 2000, en Méditerranée orientale.

Les autorités libanaises nourrissent de grands espoirs vis-à-vis d'une potentielle découverte conséquente, y voyant une manière de relancer une économie en difficulté et de répondre aux besoins énergétiques dans un pays souffrant depuis plus de trois décennies de pénuries chroniques de courant, selon des observateurs.

Le deuxième round des pourparlers inédits entamés par le Liban et Israël pour délimiter leur frontière maritime aura lieu le 28 octobre, selon l'agence de presse libanaise. APS

Tags:

Monde, Asie