Djerad : l'amendement constitutionnel marque la réconciliation de l'Algérie avec elle-même et avec son histoire

Le projet d'amendement de la Constitution soumis à référendum marque la réconciliation de l'Algérie avec elle-même et avec son histoire et la remise sur les rails du pays après les dérives des dernières années, a affirmé le Premier ministre, Abdelaziz Djerad.

Dans une intervention à la Télévision algérienne et à la Radio nationale, dans le cadre de la campagne référendaire sur le projet d'amendement constitutionnel, le Premier ministre a précisé que le projet d'amendement de la Constitution marque "la réconciliation de l'Algérie avec elle-même, avec son histoire et avec les aspirations de ses enfants", ainsi que "la remise sur les rails de notre pays après les dérives des dernières années, qui ont failli détruire la cohésion de l'Etat et de ses institutions".

S’en remettre aujourd’hui au peuple pour qu’il dise son mot sur le projet d’amendement de la Loi fondamentale est une "réponse aux revendications exprimées par le Hirak populaire authentique en faveur de l’application des articles 7 et 8 de la Constitution qui disposent que +le peuple est la source de tout pouvoir+ et que +la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple+, a souligné M. Djerad.

Le référendum est "un des instruments démocratiques par lesquels les citoyens expriment librement leur volonté".

Il constitue, avec le droit de vote, un moyen d’expression de la souveraineté populaire, a rappelé le Premier ministre.

M. Djerad a expliqué que l’amendement constitutionnel soumis à référendum le 1er novembre prochain "n'est pas une fin en soi, mais le moyen d'atteindre les objectifs ambitieux et légitimes du peuple algérien".

Selon lui, la réalisation de ces objectifs passe par un certain nombre d'étapes, dont "le renforcement du système démocratique fondé sur le pluralisme politique, l’alternance au pouvoir et la séparation et l'équilibre effectifs des pouvoirs".

Sur ce point, M. Djerad a fait remarquer que sa concrétisation exige de "conférer davantage de cohésion à l’action du pouvoir exécutif et de réhabiliter le parlement, particulièrement dans sa fonction de contrôle de l’action gouvernementale, renforcer le pouvoir des élus notamment l’opposition parlementaire".

Il s'agit, poursuit le Premier ministre, aussi de "revoir les dispositions constitutionnelles qui limitent l'accession à certaines hautes responsabilités de l’Etat et fonctions politiques pour permettre à la communauté nationale établie à l’étranger de rétablir pleinement leur citoyenneté pour bénéficier des mêmes droits, se soumettre aux mêmes obligations sur un même pied d’égalité avec les citoyens résidant dans le pays".

La séparation des pouvoirs sera également concrétisée en "conférant un fondement constitutionnel à l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) issue exclusivement de la société civile pour lui permettre d’accomplir son rôle en toute indépendance dans la préparation, l’organisation et la gestion des élections outre les opérations du référendum", et "d'améliorer les garanties de l’indépendance de la justice" outre "la réhabilitation des institutions de contrôle et de consultation", ajoute M. Djerad.

La deuxième phase de la concrétisation des revendications populaires, consiste, elle, en "l’élargissement et l’enrichissement des domaines de liberté du citoyen, à la faveur de la consécration de nouvelles libertés individuelles et collectives et l’appui des droits constitutionnels en donnant un contenu et un véritable sens aux libertés consacrées, notamment la liberté de manifester pacifiquement, la création d’associations et la liberté de la presse".

La concrétisation de ces revendications passe aussi par la lutte contre le phénomène de la corruption, à travers le renforcement des mécanismes de lutte et prévention et "la mise en place de mécanismes à même d’éviter le conflit d’intérêts entre l’exercice des responsabilités publiques et la gestion des affaires pour écarter l’emprise financière de la gestion des affaires publiques et éviter l’abus de pouvoir", a-t-il ajouté.

Il a mis l'accent, dans ce cadre, sur "la réhabilitation et le renforcement des institutions de contrôle, de manière à conférer une efficacité à leurs activités et à les aider à protéger les biens et les fonds publics".

M. Djerad a tenu à rappeler que la révision à venir de la Constitution figurait parmi les priorités du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune à l’entame de son mandat, étant "la pierre angulaire dans l’édification de la nouvelle République qui aspire à concrétiser les revendications du peuple exprimées lors du Hirak authentique".

Ces revendications " ne pouvant être concrétisées que par une révision constitutionnelle approfondie", à même d’aboutir au renouvellement des modes de gouvernance à tous les niveaux de responsabilité, notamment au niveau des hautes institutions de la Républiques, le Président de la République s’est engagé clairement à mettre en place une nouvelle Constitution qui puisse préserver le pays de l’autoritarisme, sous toutes ses formes, garantir la séparation et l’équilibre des pouvoirs, renforcer la moralisation de la vie publique et préserver les droits et libertés des citoyens, a précisé le Premier ministre.

Expliquant les fondements les plus importants ayant servi à l’élaboration des propositions d’amendement, M. Djerad a indiqué que le projet d’amendement constitutionnel a mis en exergue les différentes étapes de la lutte qu’a connues l’Algérie pour parvenir la Nouvelle République, ainsi que les valeurs et principes essentiels sur lesquels repose l’Etat.

Ce projet n'a pas également omis de mentionner le document le plus important de l’histoire contemporaine de la République, "à savoir la Déclaration du 1er Novembre qui a représenté les objectifs de la Glorieuse Révolution, ainsi qu’"un événement des plus importants qu’a connu l’Algérie, qui est le Hirak populaire béni et toutes ses retombées, i.e.la chute d’un système corrompu", a-t-il ajouté.

Pour M. Djerad, le projet d’amendement de la Constitution "tend à mettre la Nation algérienne à l’abri de la fitna, de la violence, de tout extrémisme, des discours de haine et de la discrimination sous toutes ses formes, à travers la consécration des valeurs spirituelles et civilisationnelles qui prônent le dialogue, la réconciliation et la fraternité, dans le respect de la Constitution et des lois de la République".

Le Premier ministre a également abordé les autres dimensions contenues dans la prochaine Constitution qui "préserve le caractère social de l’Etat qui œuvre à la réduction des inégalités sociales et à l'élimination des disparités régionales, tout en s’attelant à bâtir une économie productive et compétitive dans le cadre d'un développement durable".

Dans ce sens, poursuit M. Djerad, "cette révision constitutionnelle consacre les trois dimensions géostratégiques : L'Algérie, terre d'islam, partie intégrante du Grand Maghreb, pays Arabe et amazigh, méditerranéen et africain, s'honore du rayonnement de sa Révolution du 1er novembre et du respect que le pays a su acquérir et conserve en raison de son engagement pour toutes les causes justes dans le monde".

Le projet de révision de la Constitution vise la réhabilitation d'une société civile "libre et active" et la promotion de la démocratie participative, et ce, dira-t-il, en encourageant la participation des citoyens, sans exclusion aucune, à l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques.

Il s'agit également d'un projet qui traduit véritablement le principe du contrôle populaire de la gestion des affaires publiques.

"Cette Constitution vous interpelle, vous écoute, insuffle de l'espoir en vous et vous confère la responsabilité de contribuer à l'édification de la patrie", s'est-il exprimé à l'adresse des jeunes, mettant en valeur les compétences que représente cette catégorie de la société qui a su démontrer que "c'est elle la véritable richesse de notre pays".

Au plan international, M. Djerad s'est dit convaincu que l'amendement constitutionnel "permettra à notre pays de recouvrer sa place dans le concert des nations au sein duquel il s'est absenté des années durant, et permettre ainsi à l'Algérie de faire entendre ses positions de nouveau vis-à-vis des questions internationales, notamment celles liées à notre région et notre profondeur géostratégique".

Le Premier ministre a également saisi l'occasion pour rappeler la place qu'occupe l'Armée nationale populaire (ANP), "le socle de la nation algérienne et une partie intégrante du peuple algérien, car contribuant à sa protection et à la défense de ses frontières".

Pour clore son intervention, M. Djerad a affirmé que la prochaine Constitution aura "inéluctablement un grand impact sur l'amélioration de la situation de notre pays et de notre peuple", et "amorcera un bond qualitatif" en termes de gouvernance à tous les niveaux.

Si elle "renforce l'unité nationale et la préserve de toute manœuvre", la nouvelle Constitution "concrétisera également la solidarité entre les enfants du peuple et motivera tout soutien aux franges sociales nécessitant aide et assistance en vue de préserver leur dignité", a-t-il conclu.

APS