Brahim Mouhouche : le programme de développement agricole en zones sahariennes a été entrepris dans la précipitation

Le déficit en eau pourrait-il compromettre le développement du secteur de l’agriculture ? Pour le professeur Brahim Mouhouche, enseignant à l’École supérieure d’agronomie, cela va de soi, le programme de développement agricole en zones sahariennes, en particulier, n’ayant pas été l’objet d’études plus approfondies.

Il en est ainsi, ajoute-t-il, des projets d’introduction de cultures de colza, d’arachide, de maïs et de betteraves sucrières, qu’on ne peut pratiquer dans les régions nord du pays, parce qu’il n’y a pas assez d’eau, « même pour boire ».

Intervenant, lundi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci considère que la pratique de ces types de cultures en zones sahariennes ne peut se réaliser « du jour au lendemain », et qu’il est indispensable de laisser aux agriculteurs le temps de s’y adapter.

Parmi les autres contraintes à surmonter pour les introduire, il met en avant la rapidité mise à préparer le terrain pour débuter ces types de cultures. « On ne peut, déclare-t-il, jamais obtenir de résultats » en faisant dans la précipitation, relevant à titre d’exemple, l’absence d’infrastructures de transformation, « des contraintes importantes », dont il observe qu’elles ne pourraient être levées à l’horizon de 2024, « si on met le paquet ».

Parmi les autres défis à relever pour engager ces projets dans la bonne voie, le professeur Mouhouche met, d’autre part, en avant les travaux de mise en valeur des surfaces appelées à les recevoir, « lesquelles prennent du temps », ainsi que les budgets importants, qu’ils nécessitent pour devenir opérationnels.

À tous ces aspects, il ajoute ceux relatifs à l’exploitation des ressources en eau, non renouvelables, situées souvent au-delà des 2 000 mètres de profondeur, dont la salinité, souligne-t-il, ne s’adapte pas toujours aux cultures projetées et qui, de plus, compte tenu de leur température élevée, demandent à être traitée dans des structures appropriées.

Revenant à la question de l’approvisionnement en eau posée au nord de l’Algérie, l’Invité, tout en relevant qu’elle reste majoritairement tributaire des précipitations pluviales, insiste sur la nécessité pour l’agriculture d’utiliser des systèmes pour pouvoir l’économiser au maximum.

À ce propos, il s’indigne, par exemple, qu’on rejette à la mer environ 1,2 milliard de mètres cubes d’eaux usées, chaque année, qu’il soit, selon lui, possible de réutiliser, après traitement, entre 600 à 700 millions de mètres cubes sur la même durée, au lieu des 10 à 15 millions de mètres cubes obtenus actuellement. « un crime », commente-t-il.

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