A l’émission l’Invité de la rédaction de la chaine 3, la ministre Française de la Justice salue la qualité de la coopération judiciaire avec l’Algérie

Christiane Taubira, ministre Française de la Justice

En visite à Alger, la ministre Française de la Justice, Christiane Taubira, s’est exprimée, mardi matin, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, saluant, en particulier, la qualité de la coopération judiciaire entre son pays et l’Algérie.

Des échanges qu’elle a eu avec ses interlocuteurs Algériens, elle a salué l’entraide pénale relative aux « procédures douloureuses » liées aux affaires des moines de Tibehrine, de l’assassinat d’Hervé Gourdel ou bien encore de celle de l'attaque terroriste contre le complexe gazier d’In Amenas.

La ministre confirme que certaines de ces questions devraient être approfondies lors de la rencontre, prévue le 21 février à Alger, du Haut comité intergouvernemental, aux travaux duquel prendront part le premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son homologue Français, Manuel Vals.

 

Commentant la lutte contre le terrorisme, Mme Taubira tient à souligner que l’Algérie y aura « malheureusement », tiré beaucoup d’enseignements lors de la période tragique qu’elle a eu à vivre plus d’une dizaine d’années durant.

A cet effet, elle souligne que la France et l’Algérie sont déterminées « à travailler ensemble », considérant qu’il faut une solidarité internationale pour affronter cette menace, notamment pour ce qui a trait au financement du terrorisme, vis-à-vis duquel, déclare-t-elle,  « nos deux pays ont une position commune ».

Des récents attentats qui ont ciblé la capitale Française, provoquant dans leur sillage un sentiment de stigmatisation des Musulmans, accompagnés d’actes de violence à leur encontre et envers leurs lieux de culte, l’invitée assure que son gouvernement a réagi « très vite », mandatant les parquets et les procureurs à faire preuve d'un « grande sévérité » vis-à-vis de leurs auteurs.

Déchéance de nationalité : un sujet "qui va s’éteindre"

Menacer les personnes qui ont la double nationalité de les déchoir de leur nationalité française même s’il s sont nées en France, cela ne risque-t-il pas d’attiser aujourd’hui davantage la haine ? A cette question, la ministre française répond que « c’est un sujet qui va s’éteindre », puisque informe-t-elle « le projet de révision constitutionnel qui sera présenté en conseil des ministre dans deux jours ne retient pas cette disposition ».

Mme Taubira a tenu quand même à préciser que ce qui est en débat actuellement c’est « la possibilité de déchoir de leur nationalité française des personnes qui sont nées françaises, donc ça ne concernerait pas que des binationaux », tout en rappelant que cette possibilité existe déjà dans la législation française puisque « le code civile permet de déchoir de la nationalité des binationaux, mais avec l’interdiction d’en faire des apatrides et avec un certain nombre d’autres conditions : il faut qu’ils aient commis des crimes extrêmement graves, il faut que ces crimes aient été commis dans les 10 années qui ont précédées l’acquisition de la nationalité ».

Tout en considérant que « c’est bien que ça fasse débat dans la société », la ministre fançaise de la justice n’en pense pas moins qu’une telle décision « ne peut avoir d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme parce qu’on voit bien à quel type de terrorisme on est confronté, des personnes qui se tuent elle-même, des personnes qui partent et brulent leur passeport et le mettent en scène ». Et puis, considère-t-elle, c’est un sujet extrêmement sensible, qui ne va pas de soi, parce que, estime-t-elle « la déchéance de nationalité sur des personnes française, donc qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol auquel je suis profondément attaché et qui est dans l’histoire de la construction de la communauté française sur une base civique et non pas sur une base ethnique, ce droit civique est un pilier fondamental ».

 La lutte contre le terroriste doit être « ferme, sans nuance et sans état d’âme » 

Revenant à la lutte contre le phénomène terroriste, le ministre Française considère qu’elle doit être « ferme, sans nuance et sans état d’âme ». Elle doit, soutient-elle, être menée autant contre les commanditaires que ceux qui exécutent leurs ordres. 

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