Sahara occidental : "Il y a une velléité de changer la nature du conflit"

Le coordinateur sahraoui avec la Minurso, Mhamed Khedad a estimé mercredi à New York qu’il y avait une velléité au niveau du secrétariat général de l’ONU de changer la nature du conflit du Sahara occidental, affirmant que les Sahraouis rejetteront toute négociation hors du cadre de la légalité internationale.

"Toute cette exercice linguistique et verbale, ne mène nulle part, il vise à dénaturer le conflit. Il y une certaine velléité au niveau du secrétariat général de changer et de diluer la nature du conflit, à faire le lit des prétentions annexionnistes et expansionnistes marocaines", a déclaré M. Khedad à l’APS.

Le responsable sahraoui réagissait au dernier rapport du SG de l’ONU, Antonnio Guterres, sur le Sahara occidental qui a proposé aux deux parties du conflit de parvenir à un accord définissant la forme et la nature de l’exercice de l’autodétermination en mettant toutes les propositions sur la table des discussions.

M. Khedad affirme que "le problème du Sahara occidental est une question de décolonisation, inscrite à l’ordre du jour du comité spécial de la décolonisation de l’ONU ".

Qualifiant le rapport de "biaisé", M. Khedad a précisé que "ces man£uvres ne mènent nulle part" et que les Sahraouis "n’accepteront aucune négociation hors du cadre légal du conflit qui est le réglement d'une question de décolonisation quelle que soient les pressions et les exercices acrobatiques".

Après 26 ans d’efforts fournis par l’ONU en vue d’un règlement de cette question il est temps pour le secrétariat général et le Conseil de sécurité de prendre en considération la situation réelle dans les territoires occupés, a soutenu M. khedad, dénonçant  "les tentatives de dévoyer le processus de paix au Sahara occidental ".

Le coordinateur sahraoui a ajouté que le secrétariat général qui a "été poussé par certaines puissances au Conseil de sécurité pour créer cette crise a fait preuve de précipitation" mais "la responsabilité lui incombe", selon lui.

Concernant  la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), dont le mandat devrait être prorogé jeudi par le Conseil de sécurité, M. Khedad a relevé que les standards qui régissent toutes les missions de maintien de la paix n’existent pas au Sahara occidental. "La Minurso ne répond pas à ces critères", a-t-il dit.

" C’est une mission qui boite, qui ne rapporte rien sinon raffermir et défendre le fait accompli" de la colonisation, a-t-il noté en rappelant que l’objectif de la présence des Nations Unies au Sahara occidental était "de ramener la paix définitive" à ce territoire inscrit comme dernière colonie en Afrique.

Le Conseil de sécurité, réuni mardi, pour examiner un projet américain de résolution sur le Sahara occidental n’est pas parvenu à un consensus, les premières discussions ont révélé de grandes divergences entre les membres de l’organe onusien.

Le projet de résolution exigeant le retrait immédiat du Front Polisario de la zone d’El-Guergarat a été rejeté par plusieurs membres qui l’ont jugé déséquilibré et manquant de précisions sur les causes réelles ayant conduit à la crise dans cette zone tampon sous surveillance des Nations unies.

La situation s’est envenimée dans cette zone sensible, située à la frontière avec la Mauritanie, lorsque le Maroc voulait imposer la construction d’une route traversant les territoires sous contrôle du Front Polisario en violation de l’accord de cessez-le-feu.

" Nous sommes à El-Guergarat pour défendre la lettre et l’esprit du cessez-le-feu. C’est une présence en faveur de la paix", a-t-il souligné.

L’escalade marocaine dans cette zone visait à saper les efforts de l’ancien émissaire onusien, Christopher Ross, qui comptait, alors, lancer une proposition formelle pour relancer les négociations sur le Sahara occidental, à l’arrêt depuis 2012.

Le retrait du Maroc de cette zone n’était qu’une manoeuvre pour dissimuler la violation flagrante de l’accord de 1991. APS 

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