Communiqué du Conseil des Ministres (Texte intégral)

Le Conseil des Ministres a tenu lundi une réunion  sous la présidence du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune,  sanctionnée par un communiqué dont voici le texte intégral:

"Monsieur Abdelmadjid Tebboune, président de la République,Chef suprême  des forces armées, Ministre de la défense nationale, a présidé la réunion  du Conseil des Ministres ce jour, lundi 03 février 2020, au siège de la  Présidence de la République.

A l'entame de ses travaux, le Conseil des ministres a suivi un exposé  présenté par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme  hospitalière sur les dispositions prises pour la prévention contre le  coronavirus et le placement en isolement sanitaire des ressortissants  algériens rapatriés de Wuhan ainsi que des ressortissants tunisiens, libyens et mauritaniens que l'Algérie a accepté de rapatrier à la demandes  des gouvernements de leurs pays. Le ministre de la Santé a assuré qu'aucun  cas n'est enregistré à ce jour en Algérie.

Intervenant, à ce propos, le Président de la République a ordonné le  renforcement des dispositifs préventifs au niveau des tous les accès du  pays.

En outre, le Conseil des ministres a suivi un exposé présenté par le  Premier ministre sur l'activité du Gouvernement durant les deux dernières  semaines.

Par la suite, le ministre de l'Education a présenté un exposé analytique  sur la réalité de l'Ecole, caractérisée par un recul des filières Mathématiques et Math techniques et de l'Enseignement technologique outre  la prédominance de la mémorisation et restitution (parcoeurisme) sur la  réflexion scientifique et logique et l'esprit d'initiative.

Le ministre a présenté une feuille de route pour l'amélioration de la  qualité de l'enseignement et de la prise en charge des élèves en termes de  conditions de scolarisation et de valorisation de la compétence et du  mérite en associant tous les acteurs à travers la mise en place d'une  batterie de mesures d'urgence englobant l'allègement du poids du cartable  grâce à des fiches pédagogiques outre l'élargissement des instituts de  formation des personnels et la révision du système de formation spécialisée  et continue. 

Le ministère s'attèlera, dans le cadre de ce plan, à:

Primo/ La promotion des filières Mathématiques et Math techniques pour  augmenter le taux d'accès à ces  filières, estimé actuellement à 3.46%, avec la prise de mesures incitatives pour encourager les élèves à  s'orienter vers ces filières, comme la possibilité d'accès aux spécialités  très demandées comme la médecine et la pharmacie.

Secundo/ L'augmentation du taux d'accès à l'enseignement technologique,  estimé actuellement à 15.8% alors que la moyenne mondiale est de 30%.

Cette approche vise une réforme sérieuse du système éducatif pour  permettre aux citoyens de constater le changement radical dés la rentrée  scolaire 2020-2021.

Ensuite, le Conseil des ministres a suivi un exposé présenté par la  ministre de la Formation et de l'Enseignement Professionnels, à l'entame duquel elle a indiqué que le secteur est marqué, cette année, par la mise  en place du Baccalauréat professionnel, tant attendu par les citoyens  intéressés par la Formation professionnelle

La concrétisation de ce projet requiert la prise de mesures urgentes  comprenant la mise en place d'une ingénierie pédagogique spécifique au  Baccalauréat professionnel, en collaboration avec les ministères de  l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur et de la recherche  scientifique, outre la création d'un Office d'examens et de concours propre  au secteur et la préparation de la rentrée professionnelle 2020-2021.

Ce projet s'inscrit dans le cadre de la stratégie visant la réalisation  d'un décollage économique nécessaire au développement, ce qui implique le lancement de la numérisation du secteur durant la période 2020-2022, la  modernisation des outils de gestion administrative et comptable,  l'adaptation de la formation professionnelle à l'environnement économique à  travers la promotion de la formation continue, l'ouverture d'un institut  national spécialisé dans le domaine de l'agriculture saharienne au niveau  de chaque wilaya du Sud, l'amélioration des conditions de formation à  travers le renforcement du réseau des structures d'accueil, l'augmentation  de la capacité d'accueil des candidats du niveau de troisième année  secondaire et la création d'établissements destinés aux catégories  spécifiques, notamment dans le Sud.

Lors de son intervention, le Président de la République a précisé que  l'Algérie a franchi de grands pas en termes de nombre de spécialités de la  formation professionnelle. Il a mis en avant, dans ce sens, l'impératif  d'introduire de nouvelles matières dans le cadre de la modernisation du  développement, en adéquation avec les besoins de l'économie nationale, à  l'image de l'intelligence artificielle et de l'énergie solaire. 

Après avoir demandé l'approfondissement de l'étude sur le Baccalauréat  professionnel afin qu'il apporte un plus qualitatif au système de  Formation, il a instruit la mise en place d'un Baccalauréat professionnel  artistique afin de combler le manque dans le domaine de la production  culturelle en général, et de l'industrie cinématographique en particulier,  au vu des recettes qu'elle génère pour l'économie et sa capacité à barrer  la route à l'invasion culturelle.

Le troisième exposé présenté par le ministre de la Micro entreprise, des  Startups et de l’Economie de la connaissance a évoqué les perspectives du  secteur ainsi que le projet de création du Conseil national de  l'Innovation, placé auprès du Président de la République. Durant le premier  trimestre de l'année 2020, le ministère s'attèlera à la mise en place des  bases juridiques des Instituts de transfert de technologies. La phase  pilote devant être lancée dans deux universités à travers deux centres  spécialisés dans les domaines de  l'intelligence artificielle et de  l'Internet des objets en collaboration avec des compétences algériennes établies à l'étranger.

En outre, le ministère œuvre à l'institution du cadre juridique,  réglementaire et fonctionnel de la start-up et de la définition juridique  de la start-up et de l'incubateur, à la détermination des voies et moyens  d'évaluer leur performance, à l'élaboration d'une feuille de route pour le  financement de ce type d'entreprises en impliquant la Bourse et le capital  investissement, à la détermination des modalités de contribution des  émigrés et la mise en œuvre des mécanismes d'exonération quasi totale afin  de permettre aux jeunes de contribuer efficacement à l'affranchissement de  l'économie nationale de la dépendance aux hydrocarbures.

Le projet prévoit également la création de "la Cité des startups" qui  constituera un Centre de technologies multiservices à haute attractivité  devant renforcer la place de l'Algérie en tant que pôle africain en matière  de création et d'innovation.

Intervenant à ce sujet, le président de la République a affirmé que le  ministère de la Micro entreprise sera la locomotive de la nouvelle économie  et aura l'appui et le soutien dans sa révolution numérique, appelant à  accélérer l'organisation d'un Salon dédié aux startups et aux petites et  moyennes entreprises (PME).

Le président de la République a affirmé, dans ce sens, que les jeunes ont  besoin de choses concrètes ordonnant la création d'un Fonds. Il a déclaré à  l'adresse des ministres concernés "désormais, vous avez le pouvoir de  décision et un Fonds de financement, dans le Conseil d'administration  duquel vous serez membres. A vous le terrain pour concrétiser vos projets  au profit des jeune".

Le Président de la République a instruit, en outre, le ministre de la  Jeunesse et des Sports de maintenir ouvertes les Maisons de jeunes au-delà  des horaires administratifs.

Il a appelé tous les ministères à jouer le rôle d'incubateurs dans le  cadre d'une instance pédagogique interministérielle (Education nationale, Enseignement supérieur et Recherche scientifique, et Formation et  Enseignement professionnels), supervisée par le Premier ministre afin de  parvenir à une plus grande complémentarité entre les trois secteurs et les micro entreprises et startups.

Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités  locales et de l'Aménagement du territoire a présenté deux exposés. Le  premier sur un programme de développement d'urgence multisectoriel pour  l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Le deuxième sur la  sécurité routière.

Analysant les indicateurs socio-économiques des wilayas, le premier exposé  fait ressortir des disparités de développement et des déséquilibres entre wilayas du nord, des Hauts Plateaux et du Sud, ainsi qu'entre les zones  urbaines, rurales et montagneuses, et même entre agglomérations principales  et les périphéries, d'où la mise en place d'un programme de rattrapage  multisectoriel pour pallier le retard accusé dans l'application des  programmes sectoriels décentralisés. 

Dans le cadre du programme complémentaire d'urgence, il a été procédé à  l'élaboration d'un programme d'information au niveau de toutes les wilayas  recensant les projets de proximité prioritaires, ce qui a permis d'arrêter  un programme spécifique des besoins prioritaires exprimées par les wilayas. 

Il sera pris en charge sur la base d'un montage financier entre budget de  l'Etat et Fonds de développement des Hauts plateaux et du Sud.

A ce propos, le Président de la République a ordonné le transfert des  Plans communaux de développement non encore réalisés en faveur des besoins  réels des populations des communes. Il a ordonné, en outre, de déclarer la  guerre contre le gaspillage et les dépenses douteuses et de lutter  fermement contre la corruption, grande et petite, par tous les moyens  légaux.

Par ailleurs, le Président Tebboune a instruit le ministre de l'Intérieur,  des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire ainsi que les  autres ministres concernés, de trouver une solution aux zones d'ombre  enclavées pour leur assurer les services nécessaires en termes d'eau,  d'électricité et de routes, pour que leurs populations sachent qu'elles  sont des citoyens à part entière.

Il a exhorté également les walis à réaliser un recensement global des  zones d'ombre où vivent des citoyens défavorisés, soulignant dans ce sens: "je vis la réalité du citoyen et je n'accepterai jamais qu'il y ait un  citoyen de première zone et un autre de deuxième ou de troisième zone. Les  fruits du développement doivent s'étendre à toutes les régions et à  l'ensemble des citoyens".

"Si une zone est dépourvue d'électricité, les autorités locales doivent la  raccorder au lieu le plus proche où elle est disponible. A défaut, les kits  d'énergie solaire peuvent être utilisés. Si le raccordement au réseau AEP  est impossible, il faut recourir à l'approvisionnement par citernes.

S'il est impossible de construire une école en raison du nombre insuffisant  d'élèves, il faut construire une classe", a-t-il ajouté.

Le président de la République a réaffirmé qu'il ne tolérera jamais des  images humiliantes de citoyens vivant encore au Moyen âge alors que  d'autres vivent dans le confort du 21ème siècle.

Au terme de son intervention, le Président de la République a annoncé une  réunion walis-gouvernement au début de la deuxième quinzaine du mois de  février en cours.

Le deuxième exposé, consacré à la sécurité routière, considère les  accidents de la circulation comme un problème psychologique et une  problématique matérielle au vu de leurs répercussions négatives sur le  psychique de la victime, dont le traitement est difficile à court terme.

Le ministre a indiqué ,dans ce sens, que toutes les mesures préventives  et dissuasives prises pour juguler ce phénomène ont montré leurs limites, d'où l'impératif de changements radicaux.

Il a fait état de 22.500 accidents corporels durant 2019 entrainant 3.200  décès et 31.000 blessés soulignant que ces sinistres coûtent annuellement  près de 100 milliards DA. 

Rappelant que le facteur humain demeure la cause principale de ces  accidents dans 96% des cas, selon les services de sécurité, le ministre a  proposé plusieurs mesures, dont le recensement en urgence des points noirs  et l'entame immédiate des travaux de réaménagement nécessaires pour leur  éradication, l'intensification des opérations de contrôle en focalisant sur  les infractions liées à l'excès de vitesse outre la multiplication des  opérations d'accompagnement des usagers de la route, notamment les  motocyclistes et les conducteurs des véhicules de transport des voyageurs  et des marchandises.

Commentant ce point , le Président de la République a ordonné le  durcissement, de concert avec le ministère de la Justice, des mesures  rigoureuses à l'encontre de tout comportement criminel dans la conduite,  notamment en ce qui concerne les moyens de transport collectif et scolaire.

Dans ce sens, il a instruit le recours aux moyens modernes de contrôle à  distance de la vitesse, mettant en avant la nécessité de passer à la double  dissuasion en vue de préserver les vies humaines.

Le Président a ordonné également la mise en place de l'éclairage public au  niveau des voies expresses et l'inspection régulière de la signalisation routière.

Dans le même sens, il a demandé la prise de mesures juridiques adéquates  pour la criminalisation du comportement des conducteurs de bus de transport  public et scolaire en cas de faute humaine par négligence, imprudence ou  irresponsabilité. Ces mesures doivent concerner également les employeurs  qui recrutent des conducteurs sans s'assurer, au préalable, de leur état de  santé psychologique et psychiatrique et de leur parcours professionnel.  Dans le même sillage, il a appelé le ministère des Affaires religieuses à  contribuer à la sensibilisation à travers les mosquées et les imams.

Le Conseil des ministres a adopté, au terme de ses travaux, des décisions  individuelles relatives aux postes supérieurs de l'Etat.

APS

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