Procès Khalifa : Abdelmoumene Khalifa nie en bloc les charges qui sont retenues contre lui, ne reconnaissant que quelques infractions à la loi

Appelé, hier, pour la première fois à la barre, le principal accusé dans le procès de l'affaire Khalifa Bank, Rafik Abdelmoumene Rafik Khalifa a rejetté en bloc les charges qui sont retenues contre lui, ne reconnaissant que quelques infractions à la loi.

"Le 28 septembre 1998, Khalifa Bank a procédé au changement de ses statuts à la suite de la démission de son ex-PDG Kaci Ali, la Banque d'Algérie n'en avait pas été informée", a reconnu Rafik Abdelmoumene Khalifa, lors de son audition par le président du tribunal criminel de Blida, Antar Menaour.

Ce dernier a tenu, par conséquent, à attirer l'attention du prévenu sur l'infraction à la loi que l'inspection de la Banque d'Algérie, entreprise du 22 mars 1999 jusqu'au 29 juin 1999 au niveau de la banque, n'avait pas  manqué de révéler à ce sujet.

"Cela faisait trois mois seulement que la banque a été créée", a tenu à souligner le juge, qui s'est interrogé si le prévenu a "régularisé" la situation de la banque après qu'il en ait pris la fonction de PDG, en remplacement de Kaci Ali.

"Kaci Ali nous avait assuré avoir procédé au changement de sa signature. De plus, je recevais de la correspondance de la Banque d'Algérie en mon nom, ce qui à mes yeux signifiait que j'étais considéré comme étant en règle. En sus de cela, le gouverneur général de la Banque d'Algérie de l'époque, Mohamed Laksaci, avait considéré qu'il s'est agi d'une erreur de bonne foi, sans plus", a expliqué Rafik Abdelmoumene Khalifa.

"C'est une tempête dans un verre d'eau", a-t-il lancé ensuite sur un ton qui se voulait rassurant, alors qu'il avait esquivé, à maintes reprises, la question du juge sur sa conformité à la loi après la démission de Kaci Ali et du changement des statuts ayant suivi ce départ.

Aux origines de l'ex-Khalifa Bank

Le président du tribunal est remonté, dans son audition, à la genèse de la création de ladite banque, à commencer par demander à son ex-propriétaire "les motivations ayant amené un pharmacien de formation à s'intéresser au domaine bancaire". 

Ce à quoi, l'accusé a rétorqué par dire que c'est à la faveur de l'ouverture du secteur à l'investissement privé, début 90, qu'il a pensé au lancement de sa banque, ajoutant avoir suivi des formations en France dans cette perspective.

A la question de savoir si le montant du capital de lancement de la Khalifa Bank avait été réglementaire, Rafik Abdelmoumene Khalifa s'est défendu d'avoir signé un chèque de 125 millions de DA, alors que le président du tribunal lui a signifié n'avoir la trace que de la somme de 85 millions de DA.

Interpellé sur les placements de fonds effectués par les clients auprès de la banque dissoute quelques mois seulement après le lancement de celle-ci, l'accusé a expliqué cela par le taux "incitatif" qui y était pratiqué et qui était de l'ordre de 11 % en 1998, avant qu'il n'oscille entre 7 et 13% par la suite. Les crédits étaient fixés quant à eux entre 8 et 10%.

Le juge s'est alors interrogé comment la banque s'en sortait "sans risquer la faillite". 

Les droits de douanes payés par la banque au profit de leurs clients représentaient un des moyens de remboursement, a expliqué M. Khalifa. 

Le juge Menouar s'est, par ailleurs, enquis de savoir comment A. Khalifa a pu étendre le réseau de l'institution bancaire à travers le territoire national en un laps de temps aussi court. 

"La moitié des locaux des agences se trouvaient dans des places commerciales et était louée auprès des particuliers et des entreprises publiques étant donné qu'on ne pouvait les acheter, alors que nous avions pu acquérir le reste", a argumenté le prévenu lequel a, par ailleurs, fait endosser la responsabilité du choix des recrutements du personnel de la banque à son ex-Directeur général, Mohamed Nanouche.  

L'ex-milliardaire s'est, par ailleurs, défendu d'avoir enfreint la réglementation s'agissant de la procédure de transfert des recettes quotidiennes des différentes agences de la banque vers la Banque d'Algérie. 

"En 5 ans, il n'y a pas eu d'incidents majeurs signalés par nos clients", a-t-il affirmé au moment où le juge a fait état de "trous" financiers et d'un "laisser-aller inédit" dans la gestion de la défunte banque.

"N'affirmeriez-vous pas que vos employés détenaient une longue expérience dans le domaine pour avoir exercé dans des banques publiques auparavant?", lui a-t-il lancé, faisant remarquer des "irrégularités" dans les écritures bancaires entre les sièges bancaires.

Se voulant imperturbable, l'ex-dirigeant du groupe Khalifa a continué de nier les chefs d'accusation égrenés l'un après l'autre par le juge Menaouer, non sans susciter, par moments des éclats de rire dans la salle lorsque le premier use d'ironie et que le prévenu tente une réplique pour le moins "gauche".

Le procès après cassation de l'affaire Khalifa Bank s'est ouvert lundi au tribunal criminel de Blida, huit années après le premier procès en janvier 2007 au niveau du même tribunal.

Au total, 75 prévenus, dont 21 détenus en plus de l'accusé principal Abdelmoumene Khalifa, comparaîtront pour la deuxième fois lors de ce procès qui verra, par ailleurs, la présence de plus de 300 victimes et partie civile.

APS

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